Mais qui est ce franc-tireur au regard aiguisé qui nous file le frisson avec ses chansons intenses qui visent au coeur? Makja vit à Bordeaux mais il est à l'image des décors escarpés du maquis corse, dont il tire son nom de scène, un chanteur sensible et versatile. Comme il le chante, il n'y a pas de chemin connu d'avance. En seulement 7 titres peuplés de guitares, d'électronique mais aussi de somptueuses cordes, bois, cuivres et piano, cet album met dans la lumière une personnalité incandescente, un garçon au verbe vif, fier et terriblement attachant, qui évoque le lyrisme habité d'un Léo Ferré traversant des paysages incendiaires. Makja possède le charisme d'un classique de la chanson tout en portant le souffle de son époque. C'est dans les années 90 qu'il griffonne ses premières phrases, pose ses premiers flows, porté par la fièvre de la scène rap dont il aime le côté sans filtre. Son sens de l'écriture s'affûte ensuite au contact des plus cabossés, des plus fragiles auprès desquels il encadre des ateliers d'écriture, dans les prisons, les hôpitaux ou auprès d'enfants et de personnes âgées. Si Makja vient à la chanson c'est par amour des mots mais aussi pour exprimer le trop plein d'humain qui coule dans ses veines, C'est cette poésie sur le fil du rasoir qui bouleverse à l'écoute de "Ne te retourne pas", un album aux arrangements en kinopanorama où la beauté des choses se révèle au bout du tourment. Impossible de rester insensible au charme écorché de ces chansons à l'espoir farouche, parfois douloureux, du poignant "Linge Sale" peuplés de souvenirs d'enfance jusqu'au flamboyant "A nos absents", "Une Bougie" écrit de manière prémonitoire avant la tragédie du 13 novembre 2015 ou le militant "Déchire".